Pourquoi y a-t-il de la poésie plutôt que rien – c’est-à-dire plutôt que seulement la banalité des écrits appelés couramment littéraires ?: telle est la question principale qui traverse ce livre. D’autres s’ensuivent: que peut la poésie ? de quel réel le langage poétique est-il la paradoxale représentation ? comment comprendre la propension à rythmer qui spécifie l’écrit poétique (en vers comme en prose) ? quel sens a la passion cratylienne de remotivation des signes qui anime bien des poètes ? quel rapport la poésie entretient-elle avec la pensée, la culture, la civilité en général ? Ces questions (et quelques autres) constituent le fil rouge d’une réflexion à la fois théorique et analytique, qui traverse quelques 'grandes irrégularités de langage' (Jarry, Brisset, Biély, Gadda…) et s’efforce de caractériser les enjeux intellectuels et formels à l’œuvre dans ce que la modernité littéraire récente a produit de moins convenu (Pierre Guyotat, Valère Novarina, Oskar Pastior, Denis Roche, Andrea Zanzotto, etc.). Christian Prigent est né en Bretagne en 1945. Fondateur puis animateur principal de la déjà mythique revue d’avant-garde TXT (1969-1993), il collabore à de nombreuses publications et donne régulièrement des lectures publiques de son travail. Il est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages de poésie (Ecrit au couteau, 1993, L’Ame, 2000…), de fiction (Commencement, 1989, Une phrase pour ma mère, 1996.) et de théorie littéraire (Ceux qui merdRent, 1991, A quoi bon encore des poètes ?, 1996…).